Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/38

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xviij PREFACE.

pire), et que s'il devait paroitre aujourd'hui (sous Buonaparte ) pour la première fois , il doute que ce pût être avec l'assentiment de l'autorité. Quelle justification de Y Essai !

Dans sa seconde lettre , M. le directeur de la librairie m'ordonne de me soumettre à la censure si je veux réimprimer mon ouvrage. Il étoit clair que la censure m'auroit enlevé ce que je disois en éloge de Louis XVI , des Bourbons , de la vieille monarchie, et toutes mes réclamations en faveur de la liberté ; il étoit clair que Y Essai, ainsi dépouillé de ce qui servoit de contre-poids à ses erreurs , se seroit réduit à un extrait à peu près sembla- ble à ceux dont je me plaignois. Force étoit donc à moi de renoncer à le réimprimer, puisqu'il auroit fallu le livrer aux mutilations de la censure.

Après tout , le gouvernement impérial avoit grandement raison : Y Essai n 'étoit , ni sous le rapport des libertés publiques , ni sous celui de la monarchie légitime , un livre qu'on pût publier sous le despotisme et l'u- surpation. La police se donnoit un air d'im- partialité , en laissant dire quelque chose en ma faveur, et rioit secrètement de m'empè- cher de faire la seule chose qui put réelle- ment me défendre.

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