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AV. J.-C. 509. = OL. 67. 337

Bientôt l'obscurité couvrit la terre , où régnoit un profond silence, et ce silence morne augmentait avec les ténèbres et l'inquiétude. Les oiseaux, devenus muets, s'envolèrent au fond des forêts ; les animaux cherchèrent un asile dans les cavernes et les fentes des rochers ; la nature entière étoit ensevelie dans un calme sinistre. Les hommes, respirant avec peine un air qui n'avoit plus de ressort , levoient les yeux vers le ciel où ils cherchoient en vain la lumière. L'obscurité augmentoit de plus en plus ; elle devint universelle et elFrayante , lorsque l'as- tre 1 eut entièrement occupé le disque du soleil ; toutes les plaines de la terre furent enveloppées dans les horreurs d'une nuit épouvantable. . . .

Les couleurs de la vie reparurent sur le front du Messie , mais elles s'éteignirent rapidement et ne revinrent plus. Ses joues livides se flétrirent davantage, et sa tête, succombant sous le poids du jugement du monde , se pencha sur sa poitrine. 11 fit des efforts pour la relever vers le ciel, mais elle tomba de nouveau. Les nuages suspendus s'é- tendirent autour de Golgotha, d'une manière lente et pleine d'horreur , comme les voûtes funèbres des tombeaux sur les cadavres que la pouriture dévore. Un nuage plus noir que les autres s'ar- rêta au haut de la Croix. Lesilence, le calme affreux de la mort sembloit distiller de son sein. Les im- mortels en frissonnèrent. Un bruit inattendu , et

��< occupe par les Ames à naître dont j'ai parlé

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