Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/409

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de la Croix , où le Juge suprême les avoit envoyés; l< - âmes des patriarches, épouvantées, tombèrent sur la poussière de la terre, et sentirent l'imp sion de la mort et les horreurs du tombeau , autant que peuvent les sentir des substances indestruc- tibles. Les deux génies redoutables , parvenus à la Croix, contemplent le Mourant , prennent leur vol , l'un à droite et l'autre à gauche ; et d'un air morne et présageant la mort , ils volent sept fois autour de la Croix. Deux ailes couvroient leurs pieds , deux ailes tremblantes couvroient leur face , et deux autres les soutenoient dans les airs , dont l'agitation produisoit un mugissement semblable aux accents lamentables de la mort. C'est ce bruit qui tonne aux oreilles d'un ami de l'humanité , lorsque des milliers de morts et de mourants nagent dans leur sang sur le champ de bataille , et qu'il fuit , en détournant les yeux. Les terreurs de Dieu étoient répandues sur les ailes des deux anges , et retentissoient vers la terre ; ils voloient pour la septième fois , lorsque le Sauveur accablé re- leva sa tête appesantie , et vit ces ministres de la mort. 11 tourna ses yeux obscurcis vers le ciel , et s'écria d'une voix qu'il tira du fond de ses en- trailles , et qui ne put se faire entendre : « Cessez d'effrayer le Fils de l'Homme ; je vous reconnois au bruit de vos ailes. . . il m'annonce la mort. . . Cesse , Juge des mondes. . . . cesse. ...» En disant ces mots , son sang sortit à gros bouil- lons. . . . Alors les anges de la mort tournèrent

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