Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PRQfACE, xxxj

» pays , vous plongez le peuple dans l'im- m piété, et vous ne proposez eucun autre » palladium de la morale. Cessez cette cruelle » philosophie; ne ravissez pointa l'infortuné » sa dernière espérance : qu'importe qu'elle » soit une illusion, si cette illusion le sou- » lage d'une partie du fardeau de l'existence, » si elle veille dans les longues nuits à son » chevet solitaire et trempé de larmes, si » enfin, elle lui rend le dernier service de )> l'amitié en fermant elle-même sa pau- » pière, lorsque seul et abandonné sur la » couche du misérable, il s'évanouit dans la » mort?» Essai, p. 621 même édition.

Retranchez ce paragraphe , et donnez le chapitre sans sa conclusion, je serai un vé- ritable philosophe. Imprimez ces dernières lignes, et il faudra reconnoître ici l'auteur futur du Génie du Christianisme , l'esprit in- certain qui n'attend qu'une leçon pour re- venir à la vérité. En lisant attentivement Y Essai, on sent partout que la nature reli- gieuse est au fond, et que l'incrédulité n'est qu'à la surface.

Au reste , cet ouvrage est un véritable chaos : chaque mot y contredit le mot qui le suit. On pourroit faire de Y Essai deux analyses différentes : on prouveroit par l'une

�� �