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26 RÉVOLUTIONS ANCIENNES.

cerons le Protée à nous dévoiler l'homme à ve- nir. Ici s'ouvre une perspective immense ; ici j'ose me flatter de conduire le lecteur par un sentier encore tout inculte de la philosophie , où je lui promets des découvertes et de nouvelles vues des hommes \ Du tableau des troubles de l'antiquité passant à celui des nations modernes, je remonterai par une série de malheurs , depuis les premiers âges du monde jusqu'à notre siècle. L'histoire des peuples est une échelle de misère dont les révolutions forment les différents de- grés.

Si l'on considère que depuis le jour mémo- rable où Christophe Colomb aborda sur les rives américaines , pas une des hordes qui vaguent dans les forêts du Nouveau-Monde n'a fait un pas vers la civilisation , que cependant ces peu- ples étoient déjà loin de l'état de nature 1 à l'époque où on les a trouvés , on ne pourra s'empêcher de convenir que la forme la plus

•' Quelle assurance ! l'excuse ici est la jeunesse. De nou- velles vues des hommes ! mais il auroit fallu commencer par savoir ce que j'étois moi-même. Nouv. Ed.

1 Une observation importante à faire su.r la lenteur avec la- quelle les Américains se civilisent , c'est que la nature leur a re- fusé les troupeaux , ces premiers législateurs des hommes. Il est même très-remarquable qu'on a trouvé ces sau\ âges policés , là précisément où il y avoit une espèce d'animal domestique *.

  • Observation assez curieuse. Nouv. Ed.

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