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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

mâchicoulis, denticulée et couverte. Cette courtine liait ensemble deux tours inégales en âge, en matériaux, en hauteur et en grosseur, lesquelles tours se terminaient par des créneaux surmontés d’un toit pointu, comme un bonnet posé sur une couronne gothique.

Quelques fenêtres grillées[1] apparaissaient çà et là sur la nudité des murs. Un large perron, roide et droit, de vingt-deux marches, sans rampes, sans garde-fou, remplaçait sur les fossés comblés l’ancien pont-levis ; il atteignait la porte du château, percée au milieu de la courtine. Au-dessus de cette porte on voyait les armes des seigneurs de Combourg, et les taillades à travers lesquelles sortaient jadis les bras et les chaînes du pont-levis.

La voiture s’arrêta au pied du perron ; mon père vint au-devant de nous. La réunion de la famille[2] adoucit si fort son humeur pour le moment, qu’il nous fit la mine la plus gracieuse. Nous montâmes le perron ; nous pénétrâmes dans un vestibule sonore, à voûte ogive, et de ce vestibule dans une petite cour intérieure[3].

De cette cour, nous entrâmes dans le bâtiment re-

  1. « Quelques fenêtres grillées, d’un goût mauresque… » Manuscrit de 1826 et Manuscrit de 1834.
  2. « L’arrivée de sa famille dans un lieu où il vivait selon ses goûts… » Manuscrit de 1826. — « La réunion de la famille dans le lieu de son choix… » Manuscrit de 1834.
  3. « Cette cour était formée par le corps de logis d’entrée, par un autre corps de logis parallèle, qui réunissait également deux tours plus petites que les premières, et par deux autres courtines qui rattachaient la grande et la grosse tour aux deux petites tours. Le château entier avait la figure d’un char à quatre roues. » Manuscrits de 1826 et de 1834.