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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

petite Olivier[1], mademoiselle Contat, Molé, Fleury, Talma débutant, après avoir vu pendre Favras.

Les promenades au boulevard du Temple et à celui des Italiens, surnommé Coblentz, les allées du jardin des Tuileries, étaient inondées de femmes pimpantes : trois jeunes filles de Grétry y brillaient, blanches et roses comme leur parure : elles moururent bientôt toutes trois. « Elle s’endormit pour jamais, dit Grétry en parlant de sa fille aînée, assise sur mes genoux, aussi belle que pendant sa vie. » Une multitude de voitures sillonnaient les carrefours où barbotaient les sans-culottes, et l’on trouvait la belle madame de Buffon[2], assise seule dans un phaéton du duc d’Orléans, stationné à la porte de quelque club.

L’élégance et le goût de la société aristocratique se

    personnel féminin de la salle Favart. Elle a laissé son nom à l’emploi des ingénues de l’Opéra-Comique, que l’on appelle encore aujourd’hui l’emploi des Saint-Aubin. — Carline, la charmante soubrette du Théâtre-Italien, s’appelait de son vrai nom Marie-Gabrielle Malagrida. Elle avait débuté en 1780 et réussissait mieux dans la comédie que dans l’opéra-comique, ayant peu de voix. Femme du danseur Nivelon, de l’Opéra, elle se retira du théâtre en 1801 et mourut en 1818, à 55 ans.

  1. Chateaubriand commet à son sujet une petite erreur. Il parle ici des théâtres en 1789 et 1790 : Mlle Olivier était morte le 21 septembre 1787, à 23 ans.
  2. Buffon (Marguerite-Françoise de Bouvier de Cépoy, comtesse de), née en 1767, morte en 1808. Femme de Georges-Louis-Marie Leclerc, comte de Buffon, fils du grand écrivain, elle fut la maîtresse affichée du duc d’Orléans (Philippe-Égalité), dont elle eut un fils, tué sous l’Empire en Espagne, où il servait comme officier supérieur dans l’armée anglaise. Son mari, le comte de Buffon, fut guillotiné le 10 juillet 1794. Elle se remaria à Rome, en 1798, avec un banquier strasbourgeois, M. Renouard de Bussières. Sur Mme de Buffon et son rôle pendant la Révolution, les Mémoires du conventionnel Choudieu renferment (p. 475) les détails suivants : « Elle était la maîtresse de Phi-