Il est probable que les Açores furent connues des Carthaginois ; il est certain que des monnaies phéniciennes ont été déterrées dans l’île de Corvo. Les navigateurs modernes qui abordèrent les premiers à cette île trouvèrent, dit-on, une statue équestre, le bras droit étendu et montrant du doigt l’Occident, si toutefois cette statue n’est pas la gravure d’invention qui décore les anciens portulans[1].
J’ai supposé, dans le manuscrit des Natchez, que Chactas, revenant d’Europe, prit terre à l’île de Corvo, et qu’il rencontra la statue mystérieuse[2]. Il exprime ainsi les sentiments qui m’occupaient à Graciosa, en me rappelant la tradition : « J’approche de ce monument extraordinaire. Sur sa base, baignée de l’écume des flots, étaient gravés des caractères inconnus : la mousse et le salpêtre des mers rongeaient la surface du bronze antique ; l’alcyon, perché sur le casque du colosse, y jetait, par intervalles, des voix langoureuses ; des coquillages se collaient aux flancs et aux crins d’airain du coursier, et lorsqu’on approchait l’oreille de ses naseaux ouverts, on croyait ouïr des rumeurs confuses. »
Un bon souper nous fut servi chez les religieux après notre course ; nous passâmes la nuit à boire avec nos hôtes. Le lendemain, vers midi, nos provisions embarquées, nous retournâmes à bord. Les religieux se chargèrent de nos lettres pour l’Europe. Le vaisseau s’était trouvé en danger par la levée d’un