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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

vait plus à personne. J’ai sous les yeux quelques-unes de ces lettres de Chateaubriand à sa sœur, écrites parfois à peu de jours de distance, l’une par exemple à la date du 9 septembre 1845, et l’autre à la date du 15 du même mois. De cette correspondance j’extrairai seulement la lettre suivante, où il est parlé de la tombe du Grand-Bé ; elle est signée de ce prénom de François, qui rappelait au frère et à la sœur les lointaines années de Combourg :


Paris, le 15 mars 1834.

J’ai porté, chère sœur, ta lettre et la lettre qu’elle renfermait à Louis[1], il ne comprend pas grand’chose à l’affaire, mais il te répond aujourd’hui même. Chaque année je forme le projet d’aller t’embrasser, toi et mes parents, d’aller revoir avant de mourir notre pauvre Bretagne, et chaque année vient une bouffée de vent qui me pousse ailleurs. Tu étais souffrante en m’écrivant, et je t’écris, extrêmement souffrant moi-même. Tu sais que j’ai pris mes précautions, et la ville de Saint-Malo m’accorde une petite place sur le Grand-Bé pour ma sépulture. La ville a la bonté d’élever mon tombeau à ses frais ; tu vois que je ne renonce pas à notre patrie. Chère amie, je désire beaucoup cependant te revoir de mon vivant et t’embrasser comme je t’aime. Dis mille choses à Caroline[2] et à toute notre famille.

Ton frère,
François.


II

le manuscrit de 1826[3]


Sous ce titre : Esquisse d’un maître : souvenirs d’enfance et de jeunesse de Chateaubriand[4], Mme Charles Lenormant a publié, en 1874, le texte primitif des trois premiers livres

  1. Son neveu, le comte Louis de Chateaubriand.
  2. Caroline de Bedée, cousine-germaine de Chateaubriand.
  3. Ci-dessus, p. 4.
  4. Un volume in-18, Michel Lévy frères, éditeurs.