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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

XI

francis tulloch[1]


Il y a de tout dans l’Essai sur les Révolutions, « cette tour de Babel », comme l’appelle quelque part Chateaubriand[2]. Les Trente Tyrans d’Athènes y coudoient les membres du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale. Critias y donne la main à Marat, et Tallien y donne la réplique à Théramènes. Aux massacres d’Eleusine répondent les massacres de Septembre. La campagne de 1792 fait suite à la campagne de l’an III de la soixante-douzième olympiade, et la campagne de 1794 est comme un décalque de la campagne de l’an 479 avant notre ère. Voici pêle-mêle la bataille de Marathon et celle de Jemmapes, le combat de Salamine et celui de Maubeuge, la victoire de Platée et la victoire de Fleurus. Voici, accouplés à tout bout de champ, Miltiade et Dumouriez, Mardonius et le prince de Cobourg, Darius et l’empereur Léopold, Agis et Louis XVI, Pisistrate et Robespierre, Lycurgue et Saint-Just, le second chant de Tyrtée et l’Hymne des Marseillais, Épiménide et M. de Flins ! Au milieu de ce chaos, traversé par des éclairs de génie, il y a des pages de Mémoires ; l’une d’elles est relative à ce Francis Tulloch, que Chateaubriand rencontra sur le navire qui le transportait en Amérique. Cette page, qui confirme d’ailleurs pleinement le récit des Mémoires d’Outre-Tombe, est des plus intéressantes, et il me semble bien qu’elle a ici sa place marquée. Racontant, au chapitre LIV

  1. Ci-dessus, p. 334.
  2. Dans la préface de l’édition de 1826.