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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Marie-Anne de Ravenel de Boisteilleul, dame de Bedée, née à Rennes le 16 octobre 1698[1] avait été élevée à Saint-Cyr dans les dernières années de madame de Maintenon : son éducation s’était répandue sur ses filles.

Ma mère douée de beaucoup d’esprit et d’une imagination prodigieuse, avait été formée à la lecture de Fénélon, de Racine, de madame de Sévigné, et nourrie des anecdotes de la cour de Louis XIV ; elle savait tout Cyrus par cœur. Apolline de Bedée, avec de grands traits, était noire, petite et laide ; l’élégance de ses manières, l’allure vive de son humeur, contrastaient avec la rigidité et le calme de mon père. Aimant la société autant qu’il aimait la solitude, aussi pétulante et animée qu’il était immobile et froid, elle n’avait pas un goût qui ne fût opposé à ceux de son mari. La contrariété qu’elle éprouva la rendit mélancolique, de légère et gaie qu’elle était. Obligée de se

    mourut le 14 janvier 1761 et fut inhumé dans l’église de Bourseul. La famille de Bedée, qui a compté des branches nombreuses, tire son nom d’une paroisse, aujourd’hui commune du canton et de l’arrondissement de Montfort (Ille-et-Vilaine). La seigneurie de Bedée a cessé depuis longtemps d’appartenir à la famille de ce nom : au siècle dernier, elle était aux mains des Visdelou, qui se qualifiaient de marquis de Bedée.

  1. Bénigne-Jeanne-Marie (et non Marie-Anne) de Ravenel du Boisteilleul, née à Rennes, en la paroisse Saint-Jean, le 15 octobre 1698 (et non le 16 octobre), était fille de écuyer Benjamin de Ravenel, seigneur de Boisteilleul, et de Catherine-Françoise de Farcy. Elle avait épousé, le 24 février 1720, en l’église de Toussaint, à Rennes, Ange-Annibal de Bedée. — Je dois ces indications, ainsi que la plupart de celles qui vont suivre et qui ont trait aux parents de Chateaubriand, à M. Frédéric Saulnier, conseiller à la Cour d’appel de Rennes. Sans son utile et si dévoué concours, je n’aurais pu mener à bonne fin cette partie de mon travail.