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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

fois qu’il a trouvé réunies sur la même tête l’illustration et la vertu.

« Je désire, monsieur le vicomte, que vous ne me sachiez pas trop mauvais gré d’ajouter à vos archives de famille un titre qui rappelle de si cruels souvenirs. J’ai supposé qu’il aurait de l’intérêt pour vous, puisqu’il avait du prix à mes yeux, et dès lors j’ai songé à vous l’offrir. Si je ne suis point indiscret, je m’en féliciterai doublement, car je trouve aujourd’hui dans ma démarche l’occasion de vous exprimer les sentiments de profond respect et d’admiration sincère que vous m’avez inspirés depuis longtemps, et avec lesquels je suis, monsieur le vicomte,

« Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

« A. de Cotencin. »
Hôtel de la préfecture de la Seine.
Paris, le 28 mars 1835.

Voici ma réponse à cette lettre :

« J’avais fait, monsieur, chercher à la Sainte-Chapelle les pièces du procès de mon malheureux frère et de sa femme, mais on n’avait pas trouvé l’ordre que vous avez bien voulu m’envoyer. Cet ordre et tant d’autres, avec leurs ratures, leurs noms estropiés, auront été présentés à Fouquier au tribunal de Dieu : il lui aura bien fallu reconnaître sa signature. Voilà les temps qu’on regrette, et sur lesquels on écrit des volumes d’admiration ! Au surplus, j’envie mon frère : depuis longues années du moins il a quitté ce triste monde. Je vous remercie infiniment, monsieur, de l’estime que vous voulez bien me témoi-