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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Le 20 juillet la paix de la France avec la Russie étant signée[1], François II, par suite de la confédération du Rhin, renonce le 6 août à la dignité d’empereur électif d’Allemagne et devient empereur héréditaire d’Autriche : le Saint-Empire romain croule[2]. Cet immense événement fut à peine remarqué ; après la Révolution française, tout était petit ; après la chute du trône de Clovis, on entendait à peine le bruit de la chute du trône germanique.

Au commencement de notre Révolution, l’Allemagne comptait une multitude de souverains. Deux principales monarchies tendaient à attirer vers elles les différents pouvoirs : l’Autriche créée par le temps, la Prusse par un homme. Deux religions divisaient le pays et s’asseyaient tant bien que mal sur les bases du traité de Westphalie. L’Allemagne rêvait d’unité

    Berg et de Darmstadt, et du Prince-primat, archevêque de Mayence. Dans le second collège, siégeraient huit petits princes portant des titres inférieurs. Les contingents de troupes étaient fixés, comme suit : pour la France, 200 000 hommes ; la Bavière, 30 000 ; le Wurtemberg, 12 000 ; Bade, 8 000 ; les autres États, 23 000 ; en tout, 273 000 hommes.

    Dans les six années suivantes, la Confédération du Rhin s’augmentera de tous les souverains allemands, anciens ou nouveaux, à l’exception de l’empereur d’Autriche, du roi de Prusse, des ducs de Brunswick, d’Oldenbourg, du roi de Suède en sa qualité de duc de Poméranie et du roi de Danemark comme duc de Holstein.

    Cet acte fédératif ne sera d’ailleurs jamais exécuté par Napoléon que sous le rapport des levées d’hommes et des subsides. Il ne servira qu’à resserrer le joug imposé aux Allemands.

  1. L’empereur Alexandre refusa de ratifier ce traité, conclu à Paris et signé seulement à titre provisoire par le représentant de la Russie, M. d’Oubril.
  2. À partir de ce moment, François II se désigna comme empereur héréditaire d’Autriche, sous le nom de François Ier.