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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

M. Fox dans les négociations pendantes entre la France et l’Angleterre, pourparlers diplomatiques qui se réduisirent à ce mot de l’ambassadeur anglais sur M. de Talleyrand : « C’est de la boue[1] dans un bas de suie. »


Dans le courant de 1806, la quatrième coalition éclate. Napoléon part de Saint-Cloud[2], arrive à Mayence, enlève à Saalbourg les magasins de l’ennemi. À Saalfeldt, le prince Ferdinand de Prusse est tué[3].

    quement lord Holland dans toutes les propositions que fit ce dernier en faveur du captif de Sainte-Hélène. — À la mort de Pitt, Fox avait été appelé au ministère. Il ouvrit presqu’aussitôt des négociations avec la France, et y apporta un grand désir de les voir aboutir ; mais lui-même ne tarda pas à suivre dans la tombe son glorieux rival. Il mourut le 13 septembre 1806. Après lui, les négociations commencées se poursuivirent, mais sans entrain, sans conviction d’aucun côté. Moins d’un mois après la mort de Fox, les conférences étaient tout à coup rompues, et lord Lauderdale, chargé de les suivre à Paris, retournait en Angleterre.

  1. J’affaiblis l’expression Ch. — D’après Sainte-Beuve, le mot aurait été dit, non par l’ambassadeur anglais, mais par un général français, — ce n’est pas Cambronne, — ou peut-être même par Napoléon. « Selon les uns, écrit-il dans ses Nouveaux Lundis, t. XII, p. 30, ce serait Lannes ou Lasalle qui, voyant Talleyrand dans son costume de cour et faisant la belle jambe, autant qu’il le pouvait, aurait dit : « Dans de si beaux bas de soie, f… de la m… ! » Mais, selon une autre version qui m’est affirmée, le général Bertrand racontant une scène terrible dont il aurait été témoin, et dans laquelle Napoléon lança à Talleyrand les plus sanglants reproches, ajoutait que les derniers mots de cette explosion furent : « Tenez, monsieur, vous n’êtes que de la m… dans un bas de soie. » Le mot, sous cette dernière forme, sent tout à fait la vérité. »
  2. Napoléon quitta Saint-Cloud le 25 septembre 1806.
  3. Le combat de Saalfeldt, entre la division du général Suchet, appartenant au corps du maréchal Lannes, et le prince Louis de Prusse, commandant l’avant-garde du corps de Hohenlohe, eut lieu le 10 octobre. Le prince Louis-Ferdinand de Prusse (et non