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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

a bénies à Rome en 1803 payeront aux siennes par mon souvenir une dette de reconnaissance.


Le 9 avril 1809, entre l’Angleterre, l’Autriche et l’Espagne, se déclara la cinquième coalition, sourdement appuyée par le mécontentement des autres souverains. Les Autrichiens, se plaignant de l’infraction de traités, passent tout à coup l’Inn à Braunau : on leur avait reproché leur lenteur, ils voulurent faire les Napoléon ; cette allure ne leur allait pas. Heureux de quitter l’Espagne, Bonaparte accourt en Bavière ; il se met à la tête des Bavarois sans attendre les Français ; tout soldat lui était bon. Il défait à Abensberg l’archiduc Louis[1], à Eckmühl l’archiduc Charles[2] ; il scie en deux l’armée autrichienne, il effectue le passage de la Salza[3].

Il entre à Vienne[4]. Le 21 et le 22 mai a lieu la terrible affaire d’Essling. La relation de l’archiduc Charles porte que, le premier jour, deux cent quatre-vingt-huit pièces autrichiennes tirèrent cinquante et un mille coups de canon, et que le lendemain plus de quatre cents pièces jouèrent de part et d’autre. Le maréchal Lannes y fut blessé mortellement. Bonaparte lui dit un mot et puis l’oublia ; l’attachement des hommes se refroidit aussi vite que le boulet qui les frappe.

La bataille de Wagram (6 juillet 1809) résume les différents combats livrés en Allemagne : Bonaparte y déploie tout son génie. Le colonel César de Laville,

  1. 20 avril 1809.
  2. 22 avril.
  3. 28, 29, 30 avril.
  4. Le 13 mai.