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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

pas au grand chambellan : en vertu du rétablissement des anciens traités, cette principauté dépendait des États de l’Église.

Telles étaient les transactions diplomatiques que l’on passait à Vienne, tandis que nous séjournions à Gand. Je reçus, dans cette dernière résidence, cette lettre de M. de Talleyrand :


« Vienne, le 4 avril.

« J’ai appris avec grand plaisir, monsieur, que vous étiez à Gand, car les circonstances exigent que le roi soit entouré d’hommes forts et indépendants.

« Vous aurez sûrement pensé qu’il était utile de réfuter par des publications fortement raisonnées toute la nouvelle doctrine que l’on veut établir dans les pièces officielles qui paraissent en France.

« Il y aurait de l’utilité à ce qu’il parût quelque chose dont l’objet serait d’établir que la déclaration du 31 mars, faite à Paris par les alliés, que la déchéance, que l’abdication, que le traité du 11 avril qui en a été la conséquence, sont autant de conditions préliminaires, indispensables et absolues du traité du 30 mai ; c’est-à-dire que sans ces conditions préalables le traité n’eût pas été fait. Cela posé, celui qui viole lesdites conditions, ou qui en seconde la violation, rompt la paix que ce traité a établie. Ce sont donc lui et ses complices qui déclarent la guerre à l’Europe.

« Pour le dehors comme pour le dedans, une discussion prise dans ce sens ferait du bien ; il faut