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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Son élection ne fut pas annulée ; mais les effets en demeurèrent suspendus. Il ne fut point admis, sous l’Empire, à prendre place parmi ses confrères.

Non prononcé, le discours de Chateaubriand eut plus de retentissement que s’il avait été lu en séance publique. Au témoignage de l’auteur, dans ses Mémoires, j’ajouterai ici celui de deux de ses contemporains. « On en discuta beaucoup, dans quelques salons, dit M. Villemain ; on se communiqua des copies, et on fit des lectures à petit bruit de cette œuvre interdite[1]. « M. de Marcellus dit, de son côté : « Je conserve encore moi-même une copie du discours, tel qu’il circula furtivement dans nos provinces, tout de suite après l’époque où il devait être prononcé. Je l’avais transcrit en entier de ma main au collège, entre une leçon de rhétorique et l’autre. J’ai confronté les deux textes (après la publication du discours dans les Mémoires) ; il y a dans le mien, en plus : « Un Français fut toujours libre au pied du trône. »

Cet épisode de la nomination de Chateaubriand à l’Académie a donné lieu, dans des Mémoires récemment publiés, ceux du comte Ferrand, à une étrange accusation. Parlant de la publication de la Monarchie selon la Charte (septembre 1816) et du Post-Scriptum, où le roi Louis XVIII était personnellement mis en cause, le comte Ferrand écrit ce qui suit :


Le Roi, quoique personnellement offensé, ne voulut point user de l’avantage que lui donnait sur Chateaubriand un fait antérieur et dont la preuve était dans les cartons de la police. Plusieurs années avant, il avait été question de le nommer à l’Académie française. Cette question se traita comme si c’eût été une grâce qu’on eût attendue de lui, et ce fut ainsi qu’il la présenta lui-même. Pour consentir à être nommé, il demanda

  1. Villemain, p. 189.