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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tion, la froideur pour l’Empire, d’avoir appelé l’Encyclopédie une Babel des sciences et de la raison, d’avoir blâmé le divorce comme portant le désordre au sein des familles, d’avoir dit qu’une des fêtes du culte catholique, la bénédiction de la terre, choqua « cette Convention qui avait fait alliance avec la mort, parce qu’elle était digne d’une telle société. » Ailleurs, le comte Regnaud s’étonnait des éloges décernés par Chateaubriand au pape Pie VII, tandis « que cet auteur, ajoutait-il, n’a encore parlé nulle part, que je sache, de la bienveillance et de la bonté du Monarque qui lui a rendu sa patrie et lui a permis la célébrité, en attendant qu’il obtînt la gloire ! » Ailleurs encore il se plaignait que, dans plusieurs chapitres, « l’amertume de cruels souvenirs ne fût adoucie par aucun retour reconnaissant vers le Pouvoir régénérateur qui, dès lors, avait relevé les autels et permis à l’étendard sacré de la Religion de marcher, entouré de respect, au milieu des aigles françaises triomphantes, et faisant hommage de la victoire au Dieu des armées. » M. Regnaud terminait en ces termes ces considérations, que l’esprit de parti avait seul dictées : « C’est un droit pour l’Académie d’examiner si l’esprit de parti n’a pas eu une part considérable dans le succès de l’auteur et un devoir pour elle de le déclarer, si elle le reconnaît. »

M. Lacretelle aîné — ce qui ne surprit personne, — M. l’abbé Sicard — ce qui avait lieu d’étonner — se prononcèrent tous les deux contre le Génie du christianisme avec une extrême sévérité, et dans un style qui n’était même pas un style de seconde classe.

Le comte Daru fut mieux inspiré. Il ne ménagea pas les critiques à l’ouvrage, mais il reconnut le talent. Il s’honora en notant avec complaisance les supériorités si diverses dont le livre abonde : « dans telle partie, parce que toutes les pensées sont d’un ordre élevé, les sentiments nobles, les vues littéraires neuves et pleines de sagacité, l’élocu-