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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Journal de l’Empire, M. Damaze de Raymond, se chargerait du soin de sa défense.

Damaze de Raymond s’acquitta en effet de ce soin avec un plein succès. Sa brochure était intitulée : Réponse aux attaques dirigées contre M. de Chateaubriand. Un des meilleurs critiques du temps, M. Dussault, la qualifia, dans le Journal de l’Empire, de « réfutation victorieuse », « complète », d’« écrit désormais inséparable des autres livres sortis de la plume brillante » de M. de Chateaubriand. — « Les adversaires de cet écrivain, disait encore Dussault, ne seraient-ils que des amis déguisés ? Et l’auteur de la dernière brochure n’a-t-il cherché, par une attaque si maladroite, qu’à lui préparer un nouveau triomphe ? M. Damaze de Raymond entre en part de cette gloire nouvelle. La voilà donc vidée, cette grande querelle, suscitée à l’un des écrivains qui font le plus d’honneur aux temps actuels, comme pour le punir de sa gloire. — Depuis quelque temps, il n’est question que de M. de Chateaubriand : articles plus ou moins violents, pamphlets plus ou moins scientifiques, brochures amères, pasquinades burlesques, tout a été mis en usage pour l’attaquer. Jamais auteur ne fut en butte à plus de traits. Je ne sais pas à quel point il peut aimer à occuper la renommée, mais il me semble que ses adversaires, ou plutôt ses ennemis, se sont comportés comme s’ils eussent craint qu’elle ne l’oubliât trop. Sans cesse, ils ont replacé son nom sous les yeux du public, et rappelé, même en dépit d’eux, ses titres à la gloire ; on dirait qu’ils sont fâchés que M. de Chateaubriand laisse un moment se reposer sa plume éloquente, et qu’ils veulent suppléer par le fracas de leurs colères aux intervalles de silence que garde cet écrivain… »

Dussault avait raison de dire que la brochure de Damaze de Raymond était désormais inséparable des autres écrits de l’auteur des Martyrs. Si cette brochure, en effet, n’est pas dans toutes ses parties l’œuvre de Chateaubriand,