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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

pension lui fut conservée, témoin ce modèle de reçu trouvé dans le carton Fesch (carton de M. Libri) :

« Je soussigné reconnais avoir reçu de M. Biercourt la somme de 200 provenant de la pension que le roi m’a accordée sur les fonds de l’École militaire en qualité d’ancien cadet de l’école de Paris. »

Mademoiselle Permon-Comnène (madame d’Abrantès), fixée tour à tour chez sa mère à Montpellier, à Toulouse et à Paris, ne perdait point de vue son compatriote Bonaparte : « Quand je passe aujourd’hui sur le quai de Conti, écrit-elle, je ne puis m’empêcher de regarder la mansarde, à l’angle gauche de la maison au troisième étage : c’est là que logeait Napoléon toutes les fois qu’il venait chez mes parents. »

Bonaparte n’était pas aimé à son nouveau prytanée : morose et frondeur, il déplaisait à ses maîtres ; il blâmait tout sans ménagement, il adressa un mémoire au sous-principal sur les vices de l’éducation que l’on y recevait : « Ne vaudrait-il pas mieux les astreindre (les élèves) à se suffire à eux-mêmes, c’est-à-dire, moins leur petite cuisine qu’ils ne feraient pas, leur faire manger du pain de munition ou d’un qui en approcherait, les habituer à battre, brosser leurs habits, à nettoyer leurs souliers et leurs bottes ? » C’est ce qu’il ordonna depuis à Fontainebleau et à Saint-Germain.

Le rabroueur délivra l’école de sa présence et fut nommé lieutenant en second d’artillerie au régiment de La Fère[1].

  1. La Note, déjà citée, de Napoléon porte : Parti pour le régiment de la Fère en qualité de lieutenant en second le