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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Tutto ei provó, la gloria

Maggior dopo il periglio,
La fuga e la vittoria,
La reggia e il triste esiglio :
Due volte ne la polvere,
Due volte sugli altar.

Ei si nomo : due secoli,
L’ un contro l’ altro armato,
Sommessi a lui si volsero,
Come aspettando il fato :
Ei fè silenzio ed arbitro

S’ assise in mezzo a lor[1].

« Il éprouva tout, dit Manzoni, la gloire plus grande après le péril, la fuite et la victoire, la royauté et le triste exil : deux fois dans la poudre, deux fois sur l’autel.

« Il se nomma : deux siècles l’un contre l’autre armés se tournèrent vers lui, comme attendant leur sort : il fit silence, et s’assit arbitre entre eux. »

Bonaparte approchait de sa fin ; rongé d’une plaie intérieure, envenimée par le chagrin, il l’avait portée, cette plaie, au sein de la prospérité : c’était le seul héritage qu’il eût reçu de son père ; le reste lui venait des munificences de Dieu.

Déjà il comptait six années d’exil ; il lui avait fallu moins de temps pour conquérir l’Europe. Il restait presque toujours renfermé, et lisait Ossian de la traduction italienne de Cesarotti. Tout l’attristait sous

  1. Ode d’Alexandre Manzoni sur la mort de Napoléon. Cette Ode, qui a pour titre le Cinq mai. (il Cinque maggio) est un des plus beaux morceaux lyriques du XIXe siècle.