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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

sens qu’il serait tout à fait inconvenable, et pour vous et pour nous, que vous quittassiez Londres d’ici à quelques semaines et avant la décision ministérielle qui ne laisse pas d’occuper tous les cabinets. Cela frappe tellement tout le monde que quelques amis me disaient l’autre jour : Si M. de Chateaubriand était venu tout de suite à Paris, il aurait été assez contrariant pour lui d’être obligé de repartir pour Londres. Nous attendons donc cette nomination importante au retour d’Édimbourg. Le chevalier Stuart[1] disait hier que sûrement le duc de Wellington irait au Congrès ; c’est ce qu’il nous importe de savoir le plus tôt possible. M. Hyde de Neuville est arrivé hier bien portant. J’ai été charmé de le voir. Je vous renouvelle, noble vicomte, tous mes inviolables sentiments.

« Montmorency. »

Cette nouvelle lettre de M. de Montmorency, mêlée de quelques phrases ironiques, me confirma pleinement qu’il ne voulait pas de moi au Congrès.

Je donnai un dîner le jour de la Saint-Louis en l’honneur de Louis XVIII, et j’allai voir Hartwell en mémoire de l’exil de ce roi ; je remplissais un devoir plutôt que je ne jouissais d’un plaisir. Les infortunes royales sont maintenant si communes qu’on ne s’intéresse guère aux lieux que n’ont point habités le gé-

  1. Charles Stuart, né le 2 janvier 1779, remplit les fonctions d’ambassadeur d’Angleterre près la cour de France de 1815 à 1824 et de 1828 à 1830. Il fut élevé à la pairie en 1828 sous le titre de lord Stuart de Rothesay. Il mourut à sa terre de Highcliff (Hampshire) le 7 novembre 1845.