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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la famille royale de leurs calomnies. On recrute tout ce qui a servi dans l’ancienne police et dans l’antichambre impériale ; comme chez nos voisins, lorsqu’on veut se procurer des matelots, on fait la presse dans les tavernes et les lieux suspects. Ces chiourmes d’écrivains libres sont embarquées dans cinq ou six journaux achetés, et ce qu’ils disent s’appelle l’opinion publique chez les ministres[1]. »

Voilà, très en abrégé, et peut-être encore trop longuement, un specimen de ma polémique dans mes brochures et dans le Journal des Débats : on y retrouve tous les principes que l’on proclame aujourd’hui.

Lorsqu’on me chassa du ministère, on ne me rendit point ma pension de ministre d’État ; je ne la réclamai point ; mais M. de Villèle, sur une observation du roi, s’avise de me faire expédier un nouveau brevet de cette pension par M. de Peyronnet. Je la refusai. Ou j’avais droit à mon ancienne pension, ou je n’y avais pas droit : dans le premier cas, je n’avais pas besoin d’un nouveau brevet ; dans le second, je ne voulais pas devenir le pensionnaire du président du conseil.

Les Hellènes secouèrent le joug : il se forma à Paris un comité grec dont je fis partie. Le comité s’assemblait chez M. Ternaux[2], place des Victoires. Les socié-

  1. Article du 5 juillet 1824. — Tome XXVI, p. 353.
  2. Louis-Guillaume Ternaux (1763-1833). célèbre industriel, député de 1818 à 1821 et de 1827 à 1831. Une ordonnance royale du 17 novembre 1819 lui conféra le titre de baron. On lui doit l’introduction en France des chèvres du Thibet, la fabrication des beaux cachemires, dits Ternaux, qui rivalisent avec ceux de l’Inde, et l’établissement de silos pour la conser-