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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

peut développer des semences de troubles qui n’étaient pas parfaitement étouffées. Cette princesse se mêlait peu de la politique extérieure, mais elle était un lien entre ses fils ; elle a passé pour avoir exercé une grande influence sur les transactions qui ont donné la couronne à l’empereur Nicolas. Toutefois, il faut avouer que si Nicolas recommençait à craindre, ce serait pour lui un motif de plus de pousser ses soldats hors du sol natal et de chercher sa sûreté dans la victoire.

« L’Angleterre, indépendamment de sa dette qui gêne ses mouvements, est embarrassée dans les affaires d’Irlande : que l’émancipation des catholiques passe ou ne passe pas dans le Parlement, ce sera un événement immense. La santé du roi George est chancelante, celle de son successeur immédiat n’est pas meilleure ; si l’accident prévu arrivait bientôt, il y aurait convocation d’un nouveau Parlement, peut-être changement de ministres, et les hommes capables sont rares aujourd’hui en Angleterre ; une longue régence pourrait peut-être venir. Dans cette position précaire et critique, il est probable que l’Angleterre désire sincèrement la paix, et qu’elle craint de se précipiter dans les chances d’une grande guerre, au milieu de laquelle elle se trouverait surprise par des catastrophes intérieures.

« Enfin nous-mêmes, malgré nos prospérités réelles et indiscutables, bien que nous puissions nous montrer avec éclat sur un champ de bataille, si nous y

    mère, veuve de Paul Ier, mère de l’empereur Alexandre Ier et de l’empereur Nicolas Ier. Elle était morte dans la nuit du 4 au 5 novembre 1828.