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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

rien dans le monde d’aussi beau et de meilleur que vous.

« J’ai passé hier une heure avec le pape. Nous avons parlé de tout et des sujets les plus hauts et les plus graves. C’est un homme très distingué et très éclairé, et un prince plein de dignité. Il ne manquait aux aventures de ma vie politique que d’être en relations avec un souverain pontife ; cela complète ma carrière.

« Voulez-vous savoir exactement ce que je fais ? Je me lève à cinq heures et demie, je déjeune à sept heures ; à huit heures je reviens dans mon cabinet : je vous écris ou je fais quelques affaires, quand il y en a (les détails pour les établissements français et pour les pauvres français sont assez grands) ; à midi, je vais errer deux ou trois heures parmi des ruines, ou à Saint-Pierre, ou au Vatican. Quelquefois je fais une visite obligée avant ou après la promenade ; à cinq heures, je rentre ; je m’habille pour la soirée ; je dîne à six heures ; à sept heures et demie, je vais à une soirée avec madame de Chateaubriand, ou je reçois quelques personnes chez moi.

    grâces, les manières roides, le visage dur, les traits disproportionnés. Elle avait de l’esprit, mais cet esprit ressemblait à sa personne : il était sans charme et sans agrément. Elle avait de l’instruction, de la générosité, une grande faculté de dévouement et la passion des célébrités. » Elle s’était prise pour Mme Récamier d’un engouement très vif. Un peu plus tard, elle s’attacha avec le même entraînement, avec la même passion, à la duchesse de Saint-Leu, que Mme Récamier lui avait fait connaître. Mme Salvage accompagna la reine Hortense dans les voyages que celle-ci fit à Paris après les affaires de Strasbourg et de Boulogne, l’entoura de soins admirables dans sa dernière maladie, et fut son exécuteur testamentaire.