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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

de vertus. Voilà le calme rétabli parmi le clergé : les évêques ont fait leur soumission. »

« — Cette soumission, ai-je répondu, est due en partie aux lumières et à la modération de Votre Sainteté. »

« — J’ai conseillé, a répliqué le pape, de faire ce qui me semblait raisonnable. Le spirituel n’était point compromis par les ordonnances[1] ; les évêques auraient peut-être mieux fait de ne pas écrire leur première lettre ; mais après avoir dit non possumus, il leur était difficile de reculer. Ils ont tâché de montrer le moins de contradiction possible entre leurs actions et leur langage au moment de leur adhésion : il faut le leur pardonner. Ce sont des hommes pieux, très attachés au roi et à la monarchie ; ils ont leur faiblesse comme tous les hommes. »

  1. Les ordonnances du 16 juin 1828. La première décidait qu’à partir du 1er octobre 1828, les établissements connus sous le nom d’écoles secondaires ecclésiastiques, dirigés par des personnes appartenant à une congrégation religieuse non autorisée, et existant à Aire, Belley, Bordeaux, Dôle, Forcalquier, Montmorillon, Saint-Acheul et Sainte-Anne d’Auray, seraient soumis au régime de l’Université. À l’avenir, pour demeurer ou devenir chargés, soit de la direction, soit de l’enseignement dans une des maisons d’éducation qui dépendaient de l’Université ou dans une école secondaire ecclésiastique, les candidats devraient affirmer par écrit qu’ils n’appartenaient à aucune congrégation religieuse illégalement établie en France.

    La seconde ordonnance limitait à vingt mille le nombre des élèves qui pourraient être placés dans les séminaires ; la fondation de ces établissements était réservée au Roi, sur la demande des évêques, et d’après la proposition du ministre des affaires ecclésiastiques. Il était défendu d’y recevoir des externes, et les élèves, après deux années d’études dans la maison, seraient tenus de porter le vêtement ecclésiastique ; à l’avenir, le diplôme de bachelier ès-lettres ne serait plus conféré dans les séminaires qu’aux élèves irrévocablement engagés dans les ordres.