« Hier au soir je vous écrivais à huit heures la lettre que M. du Viviers[1] vous porte ; ce matin, à mon réveil, je vous écris encore par le courrier ordinaire qui part à midi. Vous connaissez les pauvres dames de Saint-Denis : elles sont bien abandonnées depuis l’arrivée des grandes dames de la Trinité-du-Mont ; sans être l’ennemi de celles-ci, je me suis rangé avec madame de Ch… du côté du faible. Depuis un mois les dames de Saint-Denis voulaient donner une fête à M. l’ambassadeur et à madame l’ambassadrice : elle a eu lieu hier à midi. Figurez-vous un théâtre arrangé dans une espèce de sacristie qui avait une tribune sur l’église ; pour acteurs une douzaine de petites filles, depuis l’âge de huit ans jusqu’à quatorze ans, jouant les Machabées. Elles s’étaient fait elles-mêmes leurs casques et leurs manteaux. Elles déclamaient leurs vers français avec une verve et un accent italien le plus drôle du monde ; elles tapaient du pied dans les moments énergiques ; il y avait une nièce de Pie VII,
- ↑ M. du Viviers était un des attachés de l’ambassade ; en même temps que la lettre à Mme Récamier, il portait à Paris le récit de la conversation que Chateaubriand avait eue avec le pape.
qu’on avait crue conjurée reprit le dessus. Il donna sa démission. Une ordonnance rendue le 4 janvier, sans le remplacer au Conseil, confia l’intérim du ministère des Affaires étrangères à M. Portalis, garde des sceaux. M. de Rayneval, qui déjà avait remplacé M. de la Ferronays pendant son congé, restait chargé de la direction du ministère.