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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

sont en partie ceux d’aujourd’hui. On peut voir le no  5 et son annexe, les nos 34, 55, 70 et 82. Il y a aussi dans les cartons du ministère quelques notes venues par une autre voie. Ces portraits, assez souvent de fantaisie, peuvent amuser, mais ne prouvent rien. Trois choses ne font plus les papes : les intrigues de femmes, les menées des ambassadeurs, la puissance des cours. Ce n’est pas non plus de l’intérêt général de la société qu’ils sortent, mais de l’intérêt particulier des individus et des familles qui cherchent dans l’élection du chef de l’Église des places et de l’argent.

« Il y aurait des choses immenses à faire aujourd’hui par le Saint-Siège : la réunion des sectes dissidentes, le raffermissement de la société européenne, etc. Un pape qui entrerait dans l’esprit du siècle, et qui se placerait à la tête des générations éclairées, pourrait rajeunir la papauté ; mais ces idées ne peuvent point pénétrer dans les vieilles têtes du Sacré Collège ; les cardinaux arrivés au bout de la vie se transmettent une royauté élective qui expire bientôt avec eux : assis sur les doubles ruines de Rome, les papes ont l’air de n’être frappés que de la puissance de la mort.

« Ces cardinaux avaient élu le cardinal Della Genga (Léon XII) après l’exclusion donnée au cardinal Severoli, parce qu’ils croyaient qu’il allait mourir ; Della Genga s’étant avisé de vivre, ils l’ont détesté cordialement pour cette tromperie. Léon XII choisissait dans les couvents des administrateurs capables ; autre sujet de murmure pour les cardinaux. Mais, d’une autre part, ce pape défunt, en avançant