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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

espoir, parce qu’étant évêque et prince d’Ostie, son exaltation amènerait un mouvement qui laisserait cinq grandes places libres.

« On suppose que le conclave sera très long ou très court : il n’y aura pas de combat de système, comme à l’époque du décès de Pie VII : les conclavistes et les anticonclavistes ont totalement disparu : ce qui peut rendre l’élection plus facile. Mais, d’une autre part, il y aura des luttes personnelles entre les prétendants qui réunissent un certain nombre de voix, et comme il ne faut qu’un tiers des voix du conclave, plus une, pour donner l’exclusive qu’il ne faut pas confondre avec le droit d’exclusion[1], le ballottage entre les candidats se pourra prolonger.

« La France veut-elle exercer le droit d’exclusion qu’elle partage avec l’Autriche et l’Espagne ? L’Autriche l’a exercé dans le précédent conclave contre Severoli, par l’intermédiaire du cardinal Albani. Contre qui la couronne de France voudrait-elle exercer ce droit ? Serait-ce contre le cardinal Fesch, si par aventure on songeait à lui, ou contre le car-

  1. Aucune disposition canonique n’attribue aux puissances le droit d’intervenir dans les opérations d’un conclave ; mais, en fait, la France, l’Espagne et l’Autriche ont exercé jusqu’à ces derniers temps ce qu’on appelait l’exclusion ; c’est-à-dire que chacune d’elles a pu désigner au conclave un cardinal dont l’élection lui aurait déplu. Sans pour cela leur reconnaître un droit quelconque, le Sacré-Collège tient compte de ces indications, estimant que ce serait préparer des difficultés au Saint-Siège que d’élire un pape malgré l’hostilité déclarée d’une grande puissance catholique. — L’exclusive, très différente en effet de l’exclusion, appartient aux membres mêmes du congrès ; elle résulte des voix qui se refusent à donner au candidat du plus grand nombre la majorité exigée pour la validité de l’élection.