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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

dinal Giustiniani ? Celui-ci vaudrait-il la peine d’être frappé de ce veto, toujours un peu odieux en ce qu’il entrave l’indépendance de l’élection ?

« À quel cardinal le gouvernement du roi veut-il confier l’exercice de son droit d’exclusion ? Veut-on que l’ambassadeur de France paraisse armé du secret de son gouvernement et comme prêt à frapper l’élection du conclave, si elle déplaisait à Charles X ? Enfin, le gouvernement a-t-il un choix de prédilection ? Est-ce à tel ou tel cardinal qu’il veut prêter son appui ? Certes, si tous les cardinaux de famille, c’est-à-dire les cardinaux espagnols, napolitains et même piémontais, voulaient réunir leurs voix à celles des cardinaux français, si l’on pouvait former un parti des couronnes, nous l’emporterions au conclave ; mais ces réunions sont des chimères et nous avons dans les cardinaux des diverses cours des ennemis plutôt que des amis.

« On assure que le primat de Hongrie et l’archevêque de Milan viendront au conclave. L’ambassadeur d’Autriche à Rome, le comte Lutzow, tient de très bons propos sur le caractère de conciliation que doit avoir le pape futur. Attendons les instructions de Vienne.

« Au surplus, je suis persuadé que tous les ambassadeurs de la terre ne font rien aujourd’hui à l’élection du souverain pontife et que nous sommes tous d’une parfaite inutilité à Rome. Je ne vois au reste aucun intérêt pressant à accélérer ou à retarder (ce qui n’est d’ailleurs au pouvoir de personne) les opérations du conclave. Que les cardinaux étrangers à l’Italie assistent ou n’assistent pas à ce con-