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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« 28 mars.

« M. le cardinal de Clermont-Tonnerre, descendu chez moi, entre aujourd’hui au conclave ; c’est le siècle des merveilles. J’ai auprès de moi le fils du maréchal Lannes et le petit-fils du chancelier[1] ; messieurs du Constitutionnel dînent à ma table auprès de messieurs de la Quotidienne. Voilà l’avantage d’être sincère ; je laisse chacun penser ce qu’il veut, pourvu qu’on m’accorde la même liberté ; je tâche seulement que mon opinion ait la majorité, parce que je la trouve, comme de raison, meilleure que les autres. C’est à cette sincérité que j’attribue le penchant qu’ont les opinions les plus divergentes à se rapprocher de moi. J’exerce envers elles le droit d’asile : on ne peut les saisir sous mon toit. »

À M. LE DUC DE BLACAS[2].
« Rome, 24 mars 1829.

« Je suis bien fâché, monsieur le duc, qu’une phrase de ma lettre ait pu vous causer quelque inquiétude. Je n’ai point du tout à me plaindre

    Poussin, d’après le tableau des Bergers d’Arcadie, un bas-relief, dont Chateaubriand était, à bon droit, extrêmement satisfait.

  1. Le troisième secrétaire de l’ambassade, le vicomte de Sesmaisons, fils du comte Donatien de Sesmaisons, maréchal de camp et député de la Loire-Inférieure, était, par sa mère, petit-fils du chancelier Dambray. Les deux premiers secrétaires étaient MM. Bellocq et Desmousseaux de Givré, dont il sera parlé tout à l’heure. — Les attachés à l’ambassade étaient MM. de Montebello, du Viviers, de Mesnard, d’Haussonville et Hyacinthe Pilorge, le fidèle secrétaire de Chateaubriand.
  2. Le duc de Blacas était alors ambassadeur à Naples.