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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tion à son retour à Rome lui conseilla d’abandonner le monde et de mener une vie tout à fait séparée de toute société étrangère à sa famille. Les circonstances qui se succédèrent lui prouvèrent qu’un tel parti était indispensable à sa tranquillité ; et les douceurs du moment ne le garantissant point des désagréments de l’avenir, il est obligé de ne point changer de manière de vivre. Le cardinal Fesch prie M. de Chateaubriand d’être convaincu que rien n’égale sa reconnaissance, et que c’est avec bien de la peine qu’il ne se rendra pas chez Son Excellence aussi fréquemment qu’il l’aurait désiré.

« Le très humble, etc.

« Cardinal Fesch. »

La phrase de ce billet : Les douceurs du moment ne le garantissant pas des désagréments de l’avenir, fait allusion à la menace de M. de Blacas, qui avait donné l’ordre de jeter M. le cardinal Fesch du haut en bas de ses escaliers, s’il se présentait à l’ambassade de France : M. de Blacas oubliait trop qu’il n’avait pas toujours été si grand seigneur. Moi qui pour être, autant que je puis, ce que je dois être dans le présent, me rappelle sans cesse mon passé, j’ai agi d’une autre sorte avec M. l’archevêque de Lyon : les petites mésintelligences qui existèrent entre lui et moi à Rome m’obligent à des convenances d’autant plus respectueuses que je suis à mon tour dans le parti triomphant, et lui dans le parti abattu.

De son côté, le prince Jérôme m’a fait l’honneur de réclamer mon intervention, en m’en voyant copie d’une