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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

requête qu’il adresse au cardinal secrétaire d’État ; il me dit dans sa lettre :

« L’exil est assez affreux dans son principe comme dans ses conséquences, pour que cette généreuse France qui l’a vu naître (le prince Jérôme), cette France qui possède toutes ses affections, et qu’il a servie vingt ans, veuille aggraver sa situation en permettant à chaque gouvernement d’abuser de la délicatesse de sa position.

« Le prince Jérôme de Montfort, confiant dans la loyauté du gouvernement français et dans le caractère de son noble représentant, n’hésite pas à penser que justice lui soit rendue.

« Il saisit cette occasion, etc.

« Jérôme. »

J’ai adressé, en conséquence de cette requête, une note confidentielle au secrétaire d’État, le cardinal Bernetti ; elle se termine par ces mots :

« Les motifs déduits par le prince Jérôme de Montfort ayant paru au soussigné fondés en droit et en raison, il n’a pu refuser l’intervention de ses bons offices au réclamant, persuadé que le gouvernement français verra toujours avec peine aggraver par d’ombrageuses mesures la rigueur des lois politiques.

« Le soussigné mettrait un prix tout particulier à obtenir, dans cette circonstance, le puissant intérêt de S. E. le cardinal secrétaire d’État.

« Chateaubriand. »