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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

seuls alors la faiblesse de s’élever contre moi ; ils étaient attachés à M. le baron de Damas. Je conçois qu’on soit un peu irrité contre ces gens qui méprisent les places ; ce sont là de ces insolences qu’on ne doit pas tolérer.

M. Guizot lui-même daigna visiter ma demeure ; il crut pouvoir franchir l’immense distance que la nature a mise entre nous ; en m’abordant, il me dit ces paroles pleines de tout ce qu’il se devait : « Monsieur, c’est bien différent aujourd’hui ! » Dans cette année 1829, M. Guizot eut besoin de moi pour son élection ; j’écrivis aux électeurs de Lisieux, il fut nommé[1] ; M. de Broglie m’en remercia par ce billet :

« Permettez-moi de vous remercier, monsieur, de la lettre que vous avez bien voulu m’adresser. J’en ai fait l’usage que j’en devais faire, et je suis convaincu que, comme tout ce qui vient de vous, elle portera ses fruits et des fruits salutaires. Pour ma part, j’en suis aussi reconnaissant que s’il s’agissait de moi-même, car il n’est aucun événement auquel je sois plus identifié et qui m’inspire un plus vif intérêt. »

    sont des travaux de premier ordre. Son ardeur monarchique égalait celle de Rémusat, et il fonda, le 1er janvier 1829, l’Universel, feuille ultra-royaliste.

  1. Le 15 octobre 1829, la mort du savant chimiste Vauquelin fit vaquer un siège dans la Chambre des députés, où il représentait les arrondissements de Lisieux et de Pont-l’Évêque, qui formaient le quatrième arrondissement électoral du département du Calvados. La candidature fut offerte à M. Guizot, et, le 23 janvier 1830, il était élu à une forte majorité. Au même moment, M. Berryer, que jusque-là son âge avait tenu, comme M. Guizot, éloigné de la Chambre des députés, y était élu par le département de la Haute-Loire, où un siège se trouvait aussi vacant.