Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

forcèrent la consigne et envoyèrent quatre d’entre eux, MM. Lothon, Berthelin, Pinsonnière et Tourneux, offrir leurs services à MM. Laffitte, Périer et La Fayette. Ces jeunes gens, distingués par leurs études, s’étaient déjà fait connaître aux alliés, lorsque ceux-ci se présentèrent devant Paris en 1814 ; dans les trois jours, ils devinrent les chefs du peuple, qui les mit à sa tête avec une parfaite simplicité. Les uns se rendirent sur la place de l’Odéon, les autres au Palais-Royal et aux Tuileries.

L’ordre du jour publié le 29 au matin offensa la garde : il annonçait que le roi, voulant témoigner sa satisfaction à ses braves serviteurs, leur accordait un mois et demi de paye ; inconvenance que le soldat français ressentit : c’était le mesurer à la taille de ces Anglais qui ne marchent pas ou s’insurgent, s’ils n’ont pas touché leur solde.

Dans la nuit du 28 au 29, le peuple dépava les rues de vingt pas en vingt pas, et le lendemain, au lever du jour, il y avait quatre mille barricades élevées dans Paris.

Le Palais-Bourbon était gardé par la ligne, le Louvre par deux bataillons suisses, la rue de la Paix, la place Vendôme et la rue Castiglione par le 5e et le 53e de ligne. Il était arrivé de Saint-Denis, de Versailles et de Rueil, à peu près douze cents hommes d’infanterie.

    puis sous-secrétaire d’État au Ministère de la Guerre. Représentant du peuple de 1848 à 1851, il fut arrêté au coup d’État et conduit à Bruxelles. Il mourut à Bâle le 23 janvier 1865. On lui doit une Histoire de la campagne de 1815 (Bruxelles, 1863). Il avait également préparé les matériaux d’une Histoire de la guerre de 1813 en Allemagne.