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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

J’avais conçu la diplomatie sur un nouveau plan : n’ayant rien à cacher, je parlais tout haut ; j’aurais montré mes dépêches au premier venu, parce que je n’avais aucun projet pour la gloire de la France que je ne fusse déterminé à accomplir en dépit de tout opposant.

J’ai dit cent fois à sir Charles Stuart en riant, et j’étais sérieux : « Ne me cherchez pas querelle : si vous me jetez le gant, je le relève. La France ne vous a jamais fait la guerre avec l’intelligence de votre position ; c’est pourquoi vous nous avez battus ; mais ne vous y fiez pas[1] »

Lord Stuart vit donc nos troubles de juillet dans toute cette bonne nature qui jubile de nos misères ; mais les membres du corps diplomatique, ennemis de la cause populaire, avaient plus ou moins poussé Charles X aux ordonnances, et cependant, quand elles parurent, ils ne firent rien pour sauver le monarque ; que si M. Pozzo di Borgo[2] se montra inquiet d’un coup d’État, ce ne fut ni pour le roi ni pour le peuple.

Deux choses sont certaines :

Premièrement, la révolution de juillet attaquait les traités de la quadruple alliance : la France des Bourbons faisait partie de cette alliance ; les Bourbons ne pouvaient donc être dépossédés violemment sans mettre en péril le nouveau droit politique de l’Europe.

    pour son édification privée, un coin du voile qui cachait ces mystères galants de la diplomatie. » Sur lord Stuart, voir au tome IV, la note de la page 276 (note 35 du Livre IX de la Troisième Partie).

  1. C’est à peu près ce que j’écrivais à M. Canning, en 1823. (Voyez le Congrès de Vérone.) Ch.
  2. Sur Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie, voir, au tome IV, la note 1 de la page 16 (note 15 du Livre V de la Troisième Partie).