Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

branche d’Orléans puisse pousser de profondes racines.

Charles X, apprenant les progrès de la révolution, n’ayant rien dans son âge et dans son caractère de propre à arrêter ces progrès, crut parer le coup porté à sa race en abdiquant avec son fils, comme Philippe l’annonça aux députés. Dès le premier août il avait écrit un mot approuvant l’ouverture de la session, et, comptant sur le sincère attachement de son cousin le duc d’Orléans, il le nommait, de son côté, lieutenant général du royaume. Il alla plus loin le 2, car il ne voulait plus que s’embarquer et demandait des commissaires pour le protéger jusqu’à Cherbourg. Ces appariteurs ne furent point reçus d’abord par la maison militaire. Bonaparte eut aussi pour gardes des commissaires, la première fois russes, la seconde fois français ; mais il ne les avait pas demandés.

Voici la lettre de Charles X :

« Rambouillet, ce 2 août 1830.

« Mon cousin, je suis trop profondément peiné des maux qui affligent ou qui pourraient menacer mes peuples pour n’avoir pas cherché un moyen de les prévenir. J’ai donc pris la résolution d’abdiquer la couronne en faveur de mon petit-fils le duc de Bordeaux.

« Le dauphin, qui partage mes sentiments, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu.

« Vous aurez donc, par votre qualité de lieutenant général du royaume, à faire proclamer l’avènement de Henri V à la couronne. Vous prendrez d’ailleurs