« Songez, monsieur de Chateaubriand, aux malheurs qui peuvent arriver. Il faut que tous les honnêtes gens s’entendent pour nous sauver de la République. À Rome, monsieur de Chateaubriand, vous pourriez rendre de si grands services, ou même ici, si vous ne vouliez plus quitter la France !
« — Madame n’ignore pas mon dévouement au jeune roi et à sa mère ?
« — Ah ! monsieur de Chateaubriand, ils vous ont si bien traité !
« — Votre Altesse Royale ne voudrait pas que je démentisse toute ma vie.
« — Monsieur de Chateaubriand, vous ne connaissez pas ma nièce : elle est si légère !… pauvre Caroline !… Je vais envoyer chercher M. le duc d’Orléans, il vous persuadera mieux que moi. »
La princesse donna des ordres, et Louis-Philippe arriva au bout d’un demi-quart d’heure. Il était mal vêtu et avait l’air extrêmement fatigué. Je me levai, et le lieutenant général du royaume en m’abordant :
« — Madame la duchesse d’Orléans a dû vous dire combien nous sommes malheureux. »
Et sur-le-champ il fit une idylle sur le bonheur dont il jouissait à la campagne, sur la vie tranquille et selon ses goûts qu’il passait au milieu de ses enfants. Je saisis le moment d’une pause entre deux strophes pour prendre à mon tour respectueusement la parole, et pour répéter à peu près ce que j’avais dit aux princesses.
« — Ah ! s’écria-t-il, c’est là mon désir ! Combien je serais satisfait d’être le tuteur et le soutien de cet enfant ! Je pense tout comme vous, monsieur de