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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Paris, fin de mars 1831.

J’étais loin de compte lorsqu’en sortant des journées de Juillet je croyais entrer dans une région de paix. La chute des trois souverains m’avait obligé de m’expliquer à la Chambre des pairs. La proscription de ces rois ne me permettait pas de rester muet. D’une autre part, les journaux de Philippe me demandaient pourquoi je refusais de servir une révolution qui consacrait des principes que j’avais défendus et propagés. Force m’a été de prendre la parole pour les vérités générales et pour expliquer ma conduite personnelle. Un extrait d’une petite brochure qui se perdra (De la Restauration et de la Monarchie élective)[1] continuera la chaîne de mon récit et celle de l’histoire de mon temps :

« Dépouillé du présent, n’ayant qu’un avenir incertain au delà de ma tombe, il m’importe que ma mémoire ne soit pas grevée de mon silence. Je ne dois pas me taire sur une Restauration à laquelle j’ai pris tant de part, qu’on outrage tous les jours, et que l’on proscrit enfin sous mes yeux. Au moyen âge, dans les temps de calamités, on prenait un religieux, on l’enfermait dans une tour où il jeûnait au pain et à l’eau pour le salut du peuple. Je ne ressemble pas mal à ce moine du xiie siècle : à travers

    semaines après, le 23 décembre 1831. Telle est du moins la date que nous donne M. Bazin dans son très spirituel chapitre sur Mayeux. un vrai bijou, et qui seul suffirait à sauver de l’oubli les deux piquants volumes publiés en 1833, sous ce titre : L’Époque sans nom, par le futur historien de Louis XIII et du cardinal Mazarin.

  1. La brochure de Chateaubriand parut le 24 mars 1831.