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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

moi, j’ai toujours été dévot à la mort, et je suis le convoi de la vieille monarchie comme le chien du pauvre.

« Enfin, il y a de loyaux chevaliers qui ont dans leur poche des dispenses d’honneur et des permissions d’infidélité : je n’en ai point.

« J’étais l’homme de la Restauration possible, de la Restauration avec toutes les sortes de libertés. Cette Restauration m’a pris pour un ennemi ; elle s’est perdue : je dois subir son sort. Irai-je attacher quelques années qui me restent à une fortune nouvelle, comme ces bas de robes que les femmes traînent de cours en cours et sur lesquels tout le monde peut marcher ? À la tête des jeunes générations, je serais suspect ; derrière elles, ce n’est pas ma place. Je sens très bien qu’aucune de mes facultés n’a vieilli ; mieux que jamais je comprends mon siècle ; je pénètre plus hardiment dans l’avenir que personne : mais la fatalité a prononcé ; finir sa vie à propos est une condition nécessaire de l’homme public[1]. »

Enfin, les Études historiques[2] viennent de paraître ; j’en reporte ici l’Avant-propos : c’est une véritable page de mes Mémoires, il contient mon histoire au moment même où j’écris :

  1. Voir, à l’Appendice, le no VII : Chateaubriand et le Journal du maréchal de Castellane.
  2. Études et discours historiques sur la chute de l’Empire romain, la naissance et les progrès du Christianisme, et l’invasion des Barbares ; suivis d’une Analyse raisonnée de l’histoire de France. 4 vol. in-8o. Les Études historiques parurent le 4 avril 1831.