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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« Il y a quelque chose de consolant à trouver une petite peuplade libre, administrée par les hommes les plus distingués et chez laquelle les idées religieuses sont la base de la liberté et la première occupation de la vie.

« J’ai déjeuné chez M. de Constant[1] auprès de madame Necker[2], sourde malheureusement, mais femme rare, de la plus grande distinction ; nous n’avons parlé que de vous. J’avais reçu votre lettre, et j’ai dit à M. de Sismondi ce que vous écrivez d’aimable pour lui. Vous voyez que je prends de vos leçons.

« Enfin, voici des vers. Vous êtes mon étoile et je vous attends pour aller à cette île enchantée.

« Delphine mariée[3] : ô Muses ! Je vous ai dit dans ma dernière lettre pourquoi je ne pouvais écrire ni sur la pairie, ni sur la guerre : j’attaquerais un corps ignoble dont j’ai fait partie, et je prêcherais l’honneur à qui n’en a plus.

« Il faut un marin pour lire les vers et les comprendre. Je me recommande à M. Lenormant. Votre intelligence suffira aux trois dernières strophes et le mot de l’énigme est au bas. »

  1. Cousin de Benjamin Constant.
  2. Albertine-Adrienne Necker de Saussure (1766-1841), fille du célèbre naturaliste H.-B. de Saussure et cousine de Madame de Staël. Elle a publié en 1820 une Notice sur le caractère et les écrits de Mme  de Staël. Son principal ouvrage, l’Éducation progressive, ou Étude du cours de la vie (3 vol. in-8o) a été couronné en 1839 par l’Académie française.
  3. Il s’agit ici de Delphine Gay, qui venait d’épouser Émile de Girardin.