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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

rité, à tout homme de génie ambitieux de préférence, de gloire et de plaisir, de sacrifice et de renommée, aspirant au triomphe de la tribune, de la lyre ou des armes, qui s’élèverait un jour dans cet univers d’ennui !

« Il n’y a qu’une chance, madame, pour que la quasi-légitimité continuât de végéter : ce serait que l’état actuel de la société fût l’état naturel de cette société même à l’époque où nous sommes. Si le peuple vieilli se trouvait en rapport avec son gouvernement décrépit ; si, entre le gouvernant et le gouverné, il y avait harmonie d’infirmité et de faiblesse, alors, madame, tout serait fini pour Votre Altesse Royale, comme pour le reste des Français. Mais, si nous ne sommes pas arrivés à l’âge du radotage national, et si la République immédiate est impossible, c’est la légitimité qui semble appelée à renaître. Vivez votre jeunesse, madame, et vous aurez les royaux haillons de cette pauvresse appelée monarchie de Juillet. Dites à vos ennemis ce que votre aïeule, la reine Blanche, disait aux siens pendant la minorité de saint Louis : « Point ne me chaut d’attendre. » Les belles heures de la vie vous ont été données en compensation de vos malheurs, et l’avenir vous rendra autant de félicités que le présent vous aura dérobé de jours.

« La première raison qui milite en votre faveur, madame, est la justice de votre cause et l’innocence de votre fils. Toutes les éventualités ne sont pas contre le bon droit. »

Après avoir détaillé les raisons d’espérance que je