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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Trois jours s’écoulèrent ; M. de Bondy me répondit enfin qu’il ne pouvait accepter les douze mille francs, parce que l’on verrait, sous une bienfaisance apparente, une combinaison politique contre laquelle la population parisienne protesterait tout entière par son refus[1]. Alors mon secrétaire passa aux douze mairies. Sur cinq maires présents, quatre acceptèrent le don de mille francs ; un le refusa. Des sept maires absents, cinq gardèrent le silence ; deux refusèrent[2]. Je

  1. La lettre de M. de Bondy, en date du 16 avril 1832, était ainsi conçue :
    « Monsieur le vicomte,

    « Je regrette de ne pouvoir accepter, au nom de la Ville de Paris, les 12 000 francs que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser. Dans l’origine des fonds que vous offrez, on verrait, sous une bienfaisance apparente, une combinaison politique contre laquelle la population parisienne protesterait tout entière par son refus.

    « Je suis, etc.

    « Le préfet de la Seine,
    « Comte de Bondy. »
  2. Le Constitutionnel annonça que M. Berger, maire du 2e arrondissement avait proposé à l’envoyé de la princesse, ancien aide de camp du duc de Berry, de donner les 1 000 francs offerts au nom de la duchesse à la veuve d’un combattant de Juillet, mère de trois enfants, à qui ce secours serait bien utile. L’envoyé que le Constitutionnel transformait ainsi en aide de camp du duc de Berry n’était autre que le brave Hyacinthe Pilorge, le secrétaire de Chateaubriand. Pilorge écrivit aussitôt à la Quotidienne :
    « Paris, ce 20 avril 1832.
    « Monsieur,

    « M. de Chateaubriand, bien que malade, s’occupe en ce moment d’une réponse générale relative au don de Madame la duchesse de Berry ; cette réponse paraîtra incessamment. En attendant, je dois à la vérité de dire que M. le Maire du 2e arrondissement ne m’a point présenté la veuve d’un combattant de Juillet et ne m’a point proposé de lui donner les 1 000 francs ; il les a seulement refusés, voilà tout. M. de Chateaubriand me