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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

fait, puisqu’il ne s’est jamais réuni, et quelques-uns des membres ne se sont entendus que pour me faire parvenir un avis que je n’ai pu suivre. Je ne leur en sais pas du tout mauvais gré. Vous avez jugé d’après le rapport que vous ont fait de ma position et de celle du pays ceux qui avaient des raisons pour connaître mieux que moi les effets d’une fatale influence à laquelle je n’ai pas voulu croire, et je suis sûre que si M. de Ch. eût été près de moi, son cœur noble et généreux s’y fût également refusé. Je n’en compte donc pas moins sur les bons services individuels et même les conseils des personnes qui faisaient partie du gouvernement provisoire, et dont le choix m’avait été dicté par leur zèle éclairé et leur dévouement à la légitimité dans la personne de Henri V. Je vois que votre intention est de quitter encore la France, je le regretterais beaucoup si je pouvais vous approcher de moi ; mais vous avez des armes qui touchent de loin, et j’espère que vous ne cesserez pas de combattre pour Henri V.

« Croyez, monsieur le vicomte, à toute mon estime et amitié.

« M. C. R. »

Par ce billet, Madame se passait de mes services, ne se rendait point aux conseils que j’avais osé lui donner dans la note dont M. Berryer avait été le porteur ; elle en paraissait même un peu blessée, bien qu’elle reconnût qu’une fatale influence l’avait égarée.

Ainsi rendu à ma liberté et dégagé de tout aujourd’hui, 7 août, n’ayant plus rien à faire qu’à partir, j’ai écrit ma lettre d’adieu à M. de Béranger, qui m’avait visité dans ma prison.