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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

17 février 1829, le Roi l’avait chargé de surveiller « le dernier grand spectacle qui devait clore sa carrière », l’élection d’un nouveau Pape. Il prit donc ses mesures pour être tenu au courant, jour par jour, de tout ce qui se passerait, des brigues et des intrigues qui pourraient se produire, des diverses candidatures qui seraient mises en avant et des chances de chacune d’elles. Il se trouva qu’un témoin sûr et admirablement informé rédigeait secrètement un journal du Conclave. L’ambassadeur s’arrangea de façon à se le procurer, le fit traduire en français, accompagna d’un court commentaire quelques-uns de ses articles, et envoya le tout au ministre des Affaires étrangères, M. le comte Portalis. « Le Roi verra, écrivait-il, ce qu’on n’a jamais vu : l’intérieur d’un Conclave. »

Ce document existe encore aux Archives des Affaires étrangères. Autorisé à en prendre communication, M. Boyer d’Agen en a publié d’importants extraits dans la Revue des Revues des 1er et 15 janvier 1896.

Voici quelques-unes des remarques de Chateaubriand.

On lit dans le Journal, à la date du 7 mars 1829 :

Le parti des exaltés tâche de tirer parti de tout et voudrait pêcher en eau trouble. La possibilité de leur triomphe pourrait se trouver dans la coopération des cardinaux français, qui semblent unanimes pour le choix d’un Pape favorable à leur exaltation d’idées. Si par malheur le parti d’Oppizzoni, soit faiblesse, soit complaisance, se range au vote d’Albani, la palme est aux mains des adversaires.

En marge de ces lignes. Chateaubriand écrit la note suivante :

Il n’y a pas besoin de commentaires sur cette journée ; le texte dit tout. Voilà une minorité qui parle comme la Gazette de France et la Quotidienne, qui veut s’immiscer dans nos affaires, qui pousse la violence jusqu’à attaquer en plein Conclave la mémoire de Léon XII. Elle suppose toujours que les cardinaux français pensent comme elle ; elle se figure que je veux