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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

au même vent dont le souffle avait agité les plumes du char funèbre.

À la séance de la Chambre des députés du 20 mai 1834, le président[1] parla : « Le nom du général La Fayette, dit-il, demeurera célèbre dans notre histoire .  .  .  .  .   En vous exprimant les sentiments de condoléance de la Chambre, j’y joins, monsieur et cher collègue (Georges La Fayette), l’assurance particulière de mon attachement. » Auprès de ces paroles, le rédacteur de la séance met entre parenthèses : (Hilarité).

Voilà à quoi se réduit une des vies les plus sérieuses. Que reste-t-il de la mort des plus grands hommes ? Un manteau gris et une croix de paille, comme sur le corps du duc de Guise, assassiné à Blois.

À la portée du crieur public qui vendait pour un sou, aux grilles du château des Tuileries, la nouvelle de la mort de Napoléon, j’ai entendu deux charlatans sonner la fanfare de leur orviétan ; et, dans le Moniteur du 21 janvier 1793, j’ai lu ces paroles au-dessous du récit de l’exécution de Louis XVI :

« Deux heures après l’exécution, rien n’annonçait que celui qui naguère était le chef de la nation venait de subir le supplice des criminels. » À la suite de ces mots venait cette annonce : « Ambroise, opéra-comique[2]. »

  1. M. Dupin aîné.
  2. C’est dans le Moniteur du 22 janvier 1793, mais sous la date de Paris, 21 janvier, que se trouve l’analyse d’Ambroise, opéra-comique, paroles de Monvel, musique de Dalayrac, joué au Théâtre-Italien. « On a demandé les auteurs, dit le Moniteur