tableau, elles sont appuyées sur la bordure pour regarder la fin de ma vie.
J’ai rencontré jadis des femmes différemment connues ou célèbres. Les femmes ont aujourd’hui changé de manière : valent-elles mieux, valent-elles moins ? Il est tout simple que j’incline au passé ; mais le passé est environné d’une vapeur à travers laquelle les objets prennent une teinte agréable et souvent trompeuse. Ma jeunesse, vers laquelle je ne puis retourner, me fait l’effet de ma grand’mère ; je m’en souviens à peine et je serais charmé de la revoir.
Une Louisianaise m’est arrivée du Méchascebé : j’ai cru voir la vierge des dernières amours. Célestine m’a écrit plusieurs lettres : elles pourraient être datées de la Lune des fleurs ; elle m’a montré des fragments de mémoires qu’elle a composés dans les savanes de l’Alabama. Quelque temps après, Célestine m’écrivit qu’elle était occupée d’une toilette pour sa présentation à la cour de Philippe : je repris ma peau d’ours. Célestine s’est changée en crocodile du puits des Florides : que le ciel lui fasse paix et amour, autant que ces choses-là durent !
Il y a des personnes qui, s’interposant entre vous et le passé, empêchent vos souvenirs d’arriver jusqu’à votre mémoire ; il en est d’autres qui se mêlent tout d’abord à ce que vous avez été. Madame Tastu[1] pro-
- ↑ Tastu (Sabine-Casimir-Amable Voïart, dame), née à Metz, le 31 août 1798, morte à Paris le 10 janvier 1885. Elle a publié avec succès plusieurs recueils de vers, Poésies (1826) ; Chroniques de France (1829) ; Poésies nouvelles (1834) ; Œuvres poétiques (1837). On lui doit de plus un grand nombre de livres d’éducation. — Quelques-unes de ses poésies et en particulier l’Ange