quelque changement dans la destinée de Votre Altesse Royale ? Oserai-je prier Madame de me permettre d’entrer dans tous les sentiments de regret qu’elle doit éprouver, et d’offrir le tribut respectueux de ma douleur à monsieur le dauphin et à madame la dauphine ?
Charles X n’est plus.
Trente ans d’exil ; la mort à soixante-dix-neuf ans en terre étrangère ! Afin qu’on ne pût douter de la mission de malheur dont le ciel avait chargé ce prince, c’est un fléau qui l’est venu chercher.
Charles X a retrouvé à son heure suprême le calme, l’égalité d’âme qui lui manquèrent quelquefois pendant sa longue carrière. Quand il apprit le danger qui le menaçait, il se contenta de dire : « Je ne croyais pas que cette maladie tournât si court. » Quand
instant de grand cœur : que le Seigneur leur fasse miséricorde à eux et à moi ! »
À une heure du matin, le 6 novembre, M. Bougon annonça que le Roi n’avait plus que quelques instants à vivre. Tout le monde tomba à genoux ; M. le Dauphin (le duc d’Angoulême) avait la tête penchée vers son père. Demeurée seule debout aux pieds du Roi, les mains jointes, Madame la Dauphine semblait présider à cette scène de douleur. À une heure et demie, M. Bougon fit un signe au duc de Blacas, qui se pencha vers le Dauphin et lui dit quelques mots à voix basse. Alors ce prince ferma avec respect les yeux de son père, et les sanglots de Madame la Dauphine, éclatant tout à coup au milieu du silence de mort qui régnait dans la salle, annoncèrent que tout était fini. (Alfred Nettement, Histoire de quinze ans d’exil, tome II, p. 96 et suiv.)