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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

sant qu’une communication pouvait m’être utile, a bien voulu me faire part du dossier Chateaubriand. La pièce généalogique dont il m’a été permis de prendre copie est évidemment une minute composée d’abord par le premier Chérin, lorsqu’il fut chargé en 1782 d’examiner les titres de ma sœur Lucile pour son admission au chapitre de l’Argentière ; puis cette minute a été continuée par le second Chérin pour mon frère ; et enfin pour la rédaction du Mémorial des actes authentiques, quand je fus admis dans l’ordre de Malte.

Muni de ces documents, je ne puis plus reculer, car ils ne m’appartiennent pas ; c’est la propriété de mes neveux, aînés de ma famille ; je n’ai pas le droit, pour abonder dans mon opinion particulière, de les priver de ce qu’ils considèrent comme des épaves, produit de leur naufrage.

En plaçant ces arides reliques dans des casiers, je satisfais à ma piété envers mon père, soit que ses convictions aient été risibles ou raisonnables, chimériques ou fondées. J’ai fait les deux parts : les préjugés dans la note, mon indépendance dans le texte.

Une fois mon parti pris, j’ai cru qu’il était juste de joindre au travail des généalogistes des ordres du roi les autres documents que je possédais : ces documents ont repris leur valeur, mes propres recherches viennent de nécessité grossir ma collection.

Le nom que je porte ayant traversé beaucoup de siècles, beaucoup d’aventures se trouvent attachées à ce nom : je les mentionne toutes, afin de dissimuler autant qu’il m’a été possible l’ennui du sujet. Je combats aussi les historiens quand le point en litige en