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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tion, et j’irais m’occuper de ce qu’il faut ajouter ou retrancher aux mâts d’un navire dont le gouvernail est arraché ! J’écarte donc de la déclaration de la Chambre élective tout ce qui est d’un intérêt secondaire, et, m’en tenant au seul fait énoncé de la vacance vraie ou prétendue du trône, je marche droit au but.

« Une question préalable doit être traitée : si le trône est vacant, nous sommes libres de choisir la forme de notre gouvernement.

« Avant d’offrir la couronne à un individu quelconque, il est bon de savoir dans quelle espèce d’ordre politique nous constituerons l’ordre social. Établirons-nous une république ou une monarchie nouvelle ?

« Une république ou une monarchie nouvelle offre-t-elle à la France des garanties suffisantes de durée, de force et de repos ?

« Une république aurait d’abord contre elle les souvenirs de la république même. Ces souvenirs ne sont nullement effacés. On n’a pas oublié le temps où la mort, entre la liberté et l’égalité, marchait appuyée sur leurs bras. Quand vous seriez tombés dans une nouvelle anarchie, pourriez-vous réveiller sur son rocher l’Hercule qui fut seul capable d’étouffer le monstre ? Dans quelque mille ans, votre postérité pourra voir un autre Napoléon. Quant à vous, ne l’attendez pas.

« Ensuite, dans l’état de nos mœurs et dans nos rapports avec les gouvernements qui nous environnent, la république, sauf erreur, ne me parait pas exécutable maintenant. La première difficulté